Dans la Ruche de Murielle

Le printemps est revenu, et c'est dehors, protégée tout de même par le haut-vent de sa maison que Murielle installe son petit marché. Il est 18h15 et tout est déjà prêt. Sur une table, des petits sacs remplis d'agrumes, des cabas pleins de légumes variés et une assiette dotée d'une invitation à déguster un bout de fourme. Murielle est au téléphone. Elle discute avec un producteur du prix des produits.

                        

Depuis bientôt un an, la jeune et jolie Murielle anime la Ruche qui dit oui du Vauriat, la première en Auvergne. "J'ai toujours été écolo dans l'âme, et j'en avais vraiment marre d'aller dans les grandes surfaces. J'ai d'abord essayé de trouver une AMAP mais il n'y en avait pas près de chez moi. J'ai alors découvert la Ruche qui dit oui par les réseaux sociaux et j'ai décidé de me lancer", explique-t-elle dans un sourire modeste.

                       

C'est ainsi que cette assistante maternelle convaincue s'est mise au travail, en janvier dernier, pour organiser son réseau. Des coups de fil, presqu'autant de visites... elle n'a pas ménagé sa peine pour créer son réseau. N'hésitant pas à se rendre chez les producteurs plusieurs fois pour les aider à effectuer les démarches administratives nécessaires à toute inscription à la Ruche. Des producteurs "souvent difficiles à convaincre" mais qui aujourd'hui sont plus d'une dizaine à travailler avec elle.

18h à peine sonnées et les premiers "clients" arrivent. Murielle les accueille comme des connaissances et se met à préparer leurs commandes. Elle sort des laitages du frigo, des rillettes, préparent les oeufs et récupère les cabas de légumes. Arrivé quelques minutes avant le début de la distribution, un producteur invite à goûter sa faisselle et son fromage blanc, nature ou aromatisé, dans de petits verres sortis à la hâte par Murielle. Nicolas Achard parle de ses produits, exlique ses méthodes de fabrication et répond aux questions des "testeurs", qui se prêtent volontiers au jeu de la dégustation. Et qui vont commander ces délicieux laitages dès la semaine prochaine. 

                       

Installé à quelques kilomètres de la Ruche du Vauriat, Nicolas Achard est en train de diversifier sa production. Déjà bien implanté pour sa viande, qu'il vend dans ses deux boucheries, il compte désormais transformer 50.000 litres de lait par an, sur les 500.000 litres de sa production. Pour celà, il vient d'embaucher Céline, une jeune femme de son village, qui a suivi une formation pour travailler sur ce nouveau débouché. Ensemble, ils mettent au point les produits: une réussite pour le fromage blanc à l'abricot (parfumé avec un arôme naturel), un fiasco pour celui à la pistache qu'ils ne proposeront certainement pas à la vente! 

La nuit est déjà presque tombée, et la distribution se poursuit tranquillement. Une dizaine de familles se succèdent ou se croisent, et tout le monde prend le temps de discuter un instant. Installée de l'autre côté de la route, Solène est là, comme à chaque distribution. "Je suis pro-bio et pro produits locaux. J'ai besoin de savoir que ce que je consomme est fabriqué dans de bonnes conditions et je veux aussi savoir où part mon argent. Je suis venue à la Ruche car c'est près de chez moi, car il est vrai que je ne ferais pas des kilomètres pour y aller, mais c'est vraiment sympa. C'est devenu la petite tradition du vendredi après le boulot." Miel, farines, lait, yaourts, fromages, fuits et légumes... Solène profite désormais de nombreux produits de la Ruche et ne va plus qu'une fois par mois dans une grande surface.

                       

A 20h, Murielle sert son dernier panier. Satisfaite d'une distribution réussie et heureuse de travailler avec un nouveau producteur. Mais la soirée n'est pas finie. Après un petit moment de répit en famille, elle doit maintenant s'installer devant son ordinateur et organiser sa prochaine distribution, la semaine prochaine.

Valérie

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